Kamikaze, Automne 1944 C'est pendant la bataille de Leyte, à l'automne 1944,
que le commandement japonais fut amené à recourir à la méthode
désespérée des opérations aériennes suicides, menées par le corps
d'attaque spécial aussi appelé Kamikaze (vent divin) en souvenir des
deux typhons providentiels qui, en 1724 et en 1281 avaient sauvé le
Japon de l'invasion de Kubilay Khan. Le vice-amiral Onishi, commandant
la première flotte aérienne, avait pris la décision de recourir à une
tactique qu'il jugeait lui-même ''monstrueuse'', par suite du
développement de la défense aérienne américaine et de l'inexpérience de
ses jeunes pilotes. Leur seule chance de réussite ne reposait plus dans
des attaques conventionnelles mais des attaques suicides menées en piqué
sur les navires avec des appareils rapides et manoeuvrant comme le
chasseur ''Zero-Zeke'' doté pour la circonstance de bombes de 250kg. |
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Chaque semaine, le cours de formation comprenaient deux jours pour
l'entraînement au vol de groupe et trois pour les différentes méthodes
d'attaque. Deux tactiques avaient été retenues. La première concernait
une approche à haute altitude suivie d'un piqué à mort. Même si la
formation était repérée à l'avance au radar, l'interception par la
chasse était rendue difficile en raison d'une altitude de vol de 6 000 à
7 000 m. La seconde tactique était totalement différente. Les Kamikazes
devaient voler au ras des flots pour limiter les risques de détection.
En vue de l'objectif, l'appareil se redressait brutalement à 400 ou 500
m avant de piquer sur le navire. Les pilotes étaient incitées à attaquer
tout spécialement les porte-avions et à tenter de s'écraser sur les
ascenseurs. Après la répétition de Leyte, les opérations de Kamikazes concernent les nouveaux débarquements américains au Philippines notamment à Mindoro en décembre 1944. Les attaques obéissent à un rituel. Avant le décollage, au cours d'une brève cérémonie, les pilotes boivent un verre de saké. Ils portent un foulard blanc autour du cou et un linge blanc sur la tête sous leur casque, le hachumaki des samourais. Arrivé au-dessus de l'objectif, protégé en principe par une escorte de chasse, le kamikaze prononce une dernière parole : ''Je plonge'' avec l'espoir de trouver sa place dans le panthéon de Yasukani. Cette technique de combat désespérée ne fut pas le succès espéré et malgré ce que les haut dirigeants japonais annonçaient, les succès furent plutôt mitigés. La solution des attaques spéciales n'a pu conjurer une défaite devenue inéluctable et n'a nullement affaibli l'énorme flotte américaine. Alors que les japonais croyaient avoir coulé 8 porte-avions et 29 croiseurs et endommagé 70 grandes unités, les pertes américaines étaient beaucoup plus faibles et ne dépassaient pas 3 porte-avions d'escorte et 34 bâtiments, pour la plupart de petits tonnages, destroyers, dragueurs, mouilleurs de mines. Par contre 288 navires furent endommagés, pour la plupart encore là, de faibles tonnages. Il est vrai que les Américains subirent des pertes subtentiellement élevées en vies humaines et blessés de ces attaques. En revanche, le bilan japonais était singulièrement lourd avec la disparition de 1,228 Kamikazes et avions d'escorte. En dépit de ce bilan, le haut commandement était décidé à recourir à une action massive des Kamikazes en cas d'invasion de l'archipel japonais. 10,000 appareils dont la moitié appartenait à l'aéronaval, étaient tenu en réserve pour des opérations suicides sans oublier les Kamashio (mer divine) rassemblant 400 sous-marins de poche, 120 torpilles humaines et 2,000 vedettes explosives. Les deux bombes de Hiroshima et Nagasaki devaient éviter cet ultime holocauste conforme au code du Bushido. Le 16 août 1945, au lendemain de la capitulation, l'amiral Onishi, à l'origine du corps des Kamikazes, faisait Hara-kiri et laissait une note d'adieu : ''Ils se battirent bien et moururent avec vaillance, croyant à la victoire finale. Choisissant la mort, je désire expier ainsi ma responsabilité devant l'échec. Je demande pardon aux âmes des pilotes disparus et à leurs familles éplorées.'' |